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Les étapes de la création d’un jeu de société – Retour sur expérience

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Prélude

Voici un petit article qui fait suite à un retour d’expérience, en l’occurrence, celui de la création d’un jeu de société (ou du moins d’un jeu de carte dans mon cas). C’est la première fois que je me prête à ce genre d’exercice, et j’espère bien que ce ne sera pas la dernière. J’aimerai par la même occasion que ça puisse aider certaines personnes là où j’ai manqué d’aide et où la difficulté était assez conséquente.

Pour la petite histoire, je suis encore actuellement sur le développement d’un jeu de société, qui devrait être soumis en fin de mois (je croise les doigts pour avoir tous les éléments nécessaires à temps) sur la plateforme ULULE. Ce jeu, c’est Conquista et je vous en parlerai dans le prochain article de ce même blog. (j’ai commencé à en parler sur LudiKreation).

1- L’idée

Le point de départ de tout projet, c’est bien entendu l’idée. Sans celle-ci, point de projet. Par contre, cette idée peut être de différentes sources, elle peut venir d’un concept, d’un thème, d’une mécanique, d’un univers, d’un besoin, d’une approche, d’une conviction, d’un support et j’en passe.

Très souvent, les concepteurs de jeux de société, en herbe ou vétérans, fourmillent d’idées en tout genre, mais il arrive un moment où l’une d’elle va se démarquer, se détacher au point d’évoluer et de devenir un objectif de création.

Après, il y a l’idée imposée, certains éditeurs imposent un thème, une licence ou un univers à un concepteur. Du coup, on n’est pas dans le sujet de cet article, qui s’adresse à des personnes souhaitant concevoir leur jeu issu d’une idée originale qui leur tient à cœur.

2- Les prémisses et les premières lignes

Il y a un intermédiaire entre les tests du jeu en devenir et l’idée. C’est le brouillon, les premières lignes de dessins ou d’écriture. Quelques nombres ou symboles crayonnés, raturés, accompagné de petits croquis plus ou moins lisibles. C’est la première étape d’évolution, une étape importante, car sans elle aucune idée ne voit le jour. Cette étape se transforme parfois en une dizaine de post-it collés un peu partout, ou en de multiples feuilles volantes qui contiennent le précieux, l’évolution de l’idée.

On assiste là, à une naissance, un réel accouchement, l’idée a commencé sa vie. Le but maintenant est de l’alimenter et de la faire perdurer, grandir, jusqu’à maturité.

3- Affiner les mécaniques

La prochaine étape, est une étape cruciale, mais pas figée. Elle consiste à rassembler toutes les notes et en faire quelque chose d’exploitable. A partir de là, vous avez une base plus précise de votre concept. Cette étape vous permet d’allier concept, mécanique et thématique. Vous y voyez enfin plus clair.

Je dis que cette étape n’est pas figée, car elle va être amenée à évoluer. C’est une base de travaille un minimum fiable, qui va recevoir amélioration et révision. (vous verrez ça dans les prochaines étapes)

4- Prototypes et tests

Une étape clef à ne surtout pas bâcler, c’est la phase de test. Cette dernière va donner de la crédibilité à votre concept. Le premier prototype sera surement un tas de papiers très peu sexy, accompagné de crayons, gommes et autres ustensiles prêts à compter points et scores.

Puis, après quelques tests vous allez améliorer votre prototype, revenir sur l’étape 3 pour l’affiner et faire tester le jeu à de plus en plus de monde.

Cette étape peut être très longue, il arrive souvent qu’elle dure des mois, voir des années.

5- Tests approfondis et début de communication

Bien entendu, vous avez déjà fait pleins de tests avec de la famille, des amis plus ou moins fans de jeux. Vous avez surement testé avec des connaissances de votre association ludique. Une fois que vous avez fait un tour étendu de vos tests et affiné au mieux l’étape 3, vous possédez entre les mains une idée stable et largement exploitable.

Il vous faut maintenant, tester sur une plus large catégorie de joueurs et gouter à l’impartialité de l’anonyme et de l’inconnu.

Pour se faire, vous allez déjà procéder à l’amélioration du prototype, qu’il donne un minimum envie, qu’il ne passe pas inaperçu.
Pour du jeu de carte, c’est simple, il y a de nombreux sites qui permettent d’imprimer des sets de cartes à des couts plutôt corrects. (par exemple www.artscow.com)

Une fois votre prototype rendu plus joli, vous allez écumer les salons et autres conventions ludiques afin de faire tester votre jeu et de la même manière commencer à le faire connaitre, indirectement c’est le début d’une communication autour de votre projet.

A savoir qu’il est aussi possible de demander à des associations ludiques près de chez vous, de vous réserver une soirée ou un après midi avec quelques adhérents motivés pour faire tester votre jeu auprès de joueurs confirmés et/ou passionnés.

6- Renseignements sur les couts

A partir de maintenant, votre jeu est déjà bien avancé, fiable et vous y croyez dur comme fer.
Déjà, plusieurs mois de travaux et de nombreuses nuits blanches de peaufinage ont été nécessaires pour en arriver là.

Vous le savez, votre jeu est opérationnel et aura sa clientèle. Il vous faut partir à la chasse à l’information, concernant le prix de toutes les étapes de réalisation. A moins d’être vous même illustrateur, tout ce qui va suivre devra être fait par des intermédiaires. Et vous allez vite vous rendre compte de l’investissement financier assez conséquent.

Bien entendu, vous pouvez vous faire éditer par une maison d’édition existante en les convaincants avec votre système original et votre prototype bien beau, mais on sort du contexte de cet article qui est d’aller jusqu’au bout avec vos propres moyens.

Domaines de recherches et d’investissements nécessaires :

Trouver des illustrateurs
– Le web est la meilleure source, faites des annonces sur les forums dédiés au dessin (même d’amateurs), vous serez rapidement sollicité surtout si vous vous engager à rémunérer les illustrateurs.

Trouver des graphistes :
– Oui, les illustrations c’est bien, encore faut-il les mettre en page et les intégrer au jeu. A savoir que les illustrateurs ne sont pas forcément graphistes et vice-versa.

Trouver un imprimeur :
– Certainement la partie la plus délicate. Il n’y a pas énormément de société d’imprimerie spécialisée dans le jeu en France et en Europe, mais il y a des leaders. Très souvent cette partie va vous faire revoir l’étape 3, dans le sens où vous aviez prévu beaucoup de matos, et afin de réduire les couts pour vous et vos futurs clients, vous devrez peut-être enlevez un peu de matériel ou modifier le nombre de ce dernier. Bien sûr, on ne va pas se mentir, il y a aussi la solution de faire réaliser son jeu par des entreprises chinoises pour réduire les couts, mais c’est aussi prendre le risque d’avoir des loupés de communication, de problèmes de marchandise et de livraison. Il faut peser le pour et le contre.

Le distributeur :
– Certainement l’une des étapes les plus onéreuses après l’impression. C’est l’étape qui vous permettra d’avoir votre jeu disponible dans les boutiques spécialisées. Vous pouvez aussi opter pour la vente directe, via internet par exemple.

La communication :
– Élément important à ne pas lésiner, surtout pour de la vente directe. L’idéal étant d’avoir un site web, des pages alimentées sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google+ etc…), des vidéos, des images, des flyers etc… Tout ceci a un cout, et il faut absolument le prendre en compte.

7- Trouver l’argent !

Une fois que vous avez analysé les couts que cela va engendrer et toutes les dépenses qui vont en découler, à moins d’avoir touché un bel héritage, vous allez devoir emprunter, ou du moins trouver le financement nécessaire à la réalisation de votre jeu.

Vous avez toujours la possibilité de demander à des proches ou de convaincre la banque.

Après, sachez qu’il existe aussi ce que l’on nomme, les plateformes de « Crowdfunding » (ou financement participatif), des plateformes web comme ULULE ou kisskissbankbank pour ne citer qu’eux. C’est un excellent moyen de tester la viabilité de votre projet et son impact, avec une prise de risque très limitée. Par contre, il faut vous donner les moyens de communiquer rapidement sur la toile afin de récolter les fonds nécessaires. Certaines campagnes comme Les Ombres d’Esteren et Pavillon Noir (dans la catégorie JDR) font rêver. Il ne tient qu’à vous de faire une belle présentation et de susciter curiosité et envie.

Afin de rassurer les potentiels investisseurs, il va falloir vous doter d’un réel statut d’entrepreneur. Donc de créer votre société. Le statut d’auto-entrepreneur peut être largement suffisant dans votre cas, sinon, il faudra opter pour des structures un peu plus lourde, comme l’EURL ou la SASU. N’hésitez pas à visiter le site référence de l’APCE

8- Roule ma poule

Si vous passez l’étape 7 avec succès, j’ai envie de dire, c’est gagné. :)
Il ne tient qu’à vous de tenir vos engagements et de promouvoir au mieux votre jeu et votre création.
Si vous en êtes là, c’est déjà un beau parcours, car ce n’est vraiment pas évident de convaincre certains intermédiaires et interlocuteurs.
Les plus gros rejets à mon niveau sont venus de la part d’imprimeurs Français et surtout de distributeurs.
Faire un prévisionnel, c’est pas évident quand on ne veut pas vous donner de tarifs.

Note

J’espère que vous avez apprécié cet article, n’hésitez pas à le commenter et à me faire ajouter ou modifier des éléments.
Je l’étofferai au cour du temps, pour le rendre plus complet encore.

Bon jeu à tous !
Et j’espère que vous ferez parti des possesseurs de mon futur jeu « Conquista » ! (pub inside :p)