OIKOUMENE
A vos souhait !
Ah non, excusez moi ! C’est le nom d’un jeu de rôle de Ludopathes et Éditions sans retours qui signifie « le monde connus » en grec. Remarquez j’ai pas de mérite à le savoir, c’est expliqué en quatrième de couverture…
Oikouménè se passe en 270 av JC. Les gaulois ne sont pas encore fait mater par Jules César, les grecs perdent petit à petit leur ascendant dans la méditerranée et Rome et Carthage commencent toutes les deux à aiguiser leurs couteaux pour les guerres puniques…
Bien sur, d’autres civilisations sont présente et pèsent sur l’Oikouménè : dans l’Asie mineure, les parthes, les babyloniens sont toujours là, les égyptiens se vautrent dans un luxe certain dans l’Afrique du nord. Engageant mercenaires nubiens et numides pour étoffer les rangs déficients de leurs armées et honorent leurs dieux millénaires et Pharaon, bien entendu.
Et puis il y a vous.
Oui, oui ! VOUS ! Ne faite pas l’innocent. Je sais que vous rêvez de partir à l’aventure, dans ce monde à la fois cosmopolite et gigantesque. Saisissez votre épée de bronze, et priez pour que les dieux vous accompagnent, car l’Oikouménè n’est pas de tout repos. Des rudes guerriers Samnites en passant par les pirates, les intrigues politiques, religieuses et commerciales vous en aurez pour votre argent !
Et si les hommes sont dangereux, les bêtes ne vous louperont pas non plus. Panthère, Lion et Auroch, voire créatures mythiques et divine seront là pour vous revêtirent vos épaules de leurs peaux… ou pour vous engloutir dans leurs estomacs !
Bref, il y a de quoi s’amuser.
Peut-être même trop d’ailleurs ! En effet, l’ouvrage, bien que bien écrit et abordant des civilisations mal connues de nos manuels scolaires (Les Samnites, les Osques et les Numides, ça vous dits quelque chose à vous ? Franchement !) est obligé de couper au plus court. Du coup, on a un peu l’impression d’une vision panoramique, vue à la va-vite, ce qui est dommage, mais comment s’attarder réellement sans trop s’appesantir ?
On trouvera néanmoins un chapitre sur les différents dieux de l’époque, les cités, et à chaque chapitre, que dis-je ! A chaque paragraphe, des idées de scénarios au cas où vous en auriez encore besoin.
Tout est fait pour vous mettre dans le bain : citations, recueil de noms (Bien utile pour donner un nom qui fasse vrai pour son pirate Phénicien !) et une création de personnage divisée en deux styles différents, « béni des dieux » et « censitaires ». La première donne un personnage bourrin « de base ». La seconde met en valeur les caractéristiques, et la seconde l’expérience et l’équipement. C’est un peu touffu, voire même fouillis, mais ça a l’air très bien !
Mention spéciale pour les personnages féminins : ces dernières auront, a priori, une vie pourrie, genre courtisane ou voleuse. Ben oui, être une femme dans l’antiquité ça craint, désolé. Mais qu’elle se rassure, les pjs masculins seront bien dedans, eux aussi, dans la mesure ou le monde antique repose sur des liens familiaux très forts, être un aventurier solitaire n’est jamais une bonne idée…
Côté mécanique de jeux, le style privilégie les actions spectaculaires MAIS quand on frappe ça fait mal ! La qualité et le matériaux de vos armes (Cuivre, bronze, acier…) peuvent être déterminante. C’est un système de localisation, ou les bras, jambes et tête peuvent finir amputés, mais de ce point de vue, je considère les auteurs comme plutôt sympa, étant donné que les probabilités d’une mort par hémorragie, gangrène et autres sont essentiellement épargnées aux joueurs.
La magie a aussi sa place, mas ici, point de boule de feu, non ! Plutôt des miracles et des prodiges. Bref, du « buff » comme disent les adeptes de WOW.
Suit un chapitre avec les créatures diverses et variées, mythiques ou pas, et quelques PNJ types.
La dernière partie est réellement sympathique, puisque l’on a droit a rien de moins qu’une mini-campagne ayant lieue en Égypte. Mêlant actions et intrigues. Thèmes classiques mais qui font toujours plaisir et ça permet au MJ de sentir un peu la « vibe » de l’univers.
Les illustrations… mmmh, voyons, je dirais que l’on sent l’envie des auteurs de rester dans un style classique, mais en même temps, de donner un look accrocheur aux illustrations, bref, y a à boire et a manger. Un point néanmoins pour les multiples cartes de villes temples et autres palais qui aident le MJ a ne pas tomber dans le stéréotype.
Maintenant, d’un point de vue critique, je dirais que Oikouménè a un peu le c.. entre deux chaises. D’un côté on sent la volonté des auteurs de retranscrire une antiquité historiquement crédible, mais de l’autre, on sent aussi celle de faire intervenir le mystérieux, le fantastique et le mythique. J’imagine que c’est au Meneur qu’il appartiendra de faire la part des choses et de choisir son style afin de répondre aux attentes de ses joueurs.
En conclusion, Oikouménè est un jeu de qualité abordant l’antiquité de façon globale, parfois un peu panoramique mais jamais tomber dans les clichés. Il jouit réellement de la volonté des auteurs de rendre compte de la réalité antique, mais les illustrations ne plairont pas a tout le monde et la mise en page bien qu’aérée, est parfois un peu fouillie. (Oui je sais, ça à l’air contradictoire, mais ils ont réussit à la faire comme ça !)
OIKOUMENE le JDR
14/20
Vous apprendrez et avec un peu d’effort vous vous amuserez.